BEAURIEUX. Dans la série "le jardin extraordinaire est au coin de la rue", nous avons reçu d'une lectrice la photo ci-dessus. Il s'agit d'un aborigène de Beaurieux (entité de Court-Saint-Etienne) en compagnie d'un chouca adopté. Pour ceux qui n'entendraient rien à l'ornithologie, nous précisons que le chouca est de couleur cachou et qu'il ne porte pas de lunettes.
Paul Galant ou Claudine Brasseur nous auraient parlé de ce corvidé en termes élogieux. Car c'est un volatile parmi les plus intelligents. Il est civilisable, apprend vite, et serait peut-être capable de sentiments - oserons-nous dire d'affection? - pour l'homme qui le lui rend bien.
Le document que nous avons sous les yeux est touchant à plus d'un titre. Il témoigne d'une longue relation entre la famille de l'autochtone et celle de l'oiseau.
Il y a quarante ans de cela, la maman du barbu avait reçu un oiseau de la même marque et s'en était entiché. Il fallait les voir partir ensemble à mobylette pour faire les courses, l'animal sur l'épaule de la dame. L'idylle dura un certain temps pendant lequel, la boule de plumes se sentait chez elle au jardin comme à la cuisine. Hélas, on sait ce que dure les idylles et un jour le chouca mit les bouts. Pour la famille entière, ce fut un moment de tristesse comme on en connaît tous. Mais, aussi incroyable que cela puisse paraître, un an plus tard, l'oiseau réapparut en compagnie d'une oiselle. Il revint jusque sur l'armoire de la cuisine pour présenter sa jolie conquête qui par bonheur, n'avait pas un bec de lièvre. Les présentations terminées, le couple de tourtereaux repartit, et cette fois pour toujours.
C'est une belle histoire. Un conte comme on les aime, et on l'apprécie d'autant plus qu'il est authentique. Oui, la nature est belle quand elle le veut bien car elle peut être aussi très moche quand ça lui prend.
Donc, nous voici aujourd'hui en présence d'une anecdote comparable à celle qui s'est déroulée il y a près d'un demi siècle. Qui a dit que l'histoire ne repassait pas les plats? Car ce chouca qui se prénomme Chouca - l'originalité ornithonymique n'est pas au rendez-vous mais ce n'est pas grave - ce chouca donc ne se cache pas et virevolte dans le jardin toute la journée, rentre dans sa cage à la tombée du jour, laquelle cage avec son hôte est placée dans le couloir pour la nuit. Et on ne lui compte pas les repas. Mazette, ça c'est du service hôtelier!
Cela dit, avec les années et les événements de l'actualité récente, notre perception des choses aurait pu changer. On pourrait voir dans ce réfugié de nouvelle génération un oiseau de mauvaise augure, un profiteur venu d'ailleurs, un demandeur d'asile trop bien accueilli voire un sans papier avec autorisation de circuler. Ç'eut pu être inadmissible. Mais non! C'est étonnant comme on peut parfois être plus indulgent avec nos amis les animaux qu'avec nos ennemis les hommes.
En tout cas, un grand merci au chouca, à l'autochtone et à la lectrice pour leur participation à cet article volatil.