GRANDE SURFACE. Vous le savez comme moi, en principe tous les produits ont un nom. Il est indiqué en grand sur la face principale et en plus petit sur la face opposée dans la composition et le mode d'emploi. C'est le cas des moutardes, Ketch-up, cornichons, etc... Pourtant il en est un qui déroge à la règle et fait exception dans le monde pourtant bien huilé de la grande consommation. Et comme il n'a pas de nom, il est difficile de le désigner. Disons quand même qu'il s'agit de la mayonnaise allégée. Oui, regardez bien, il n'est pas indiqué "mayonnaise", il n'y a même aucun mot pour dénommer ce produit à part "Light". Cependant nous savons d'instinct qu'il s'agit de mayonnaise. Simplement parce que la photo et le bocal sont en tous points identiques à ceux de sa sœur plus "Fattish". Corollairement, cela signifie aussi que nous sommes vachement bien conditionné par l'image et le conditionnement. Maintenant que nous savons que c'est de la mayonnaise nous comprenons très vite qu'elle est allégée parce que son couvercle est d'un bleu assez clair (je reviendrai sur ce code couleur un plus loin). Et cela se vérifie pour Calvé, Devos-Lemmens, Effi et consort.
Il faut savoir que si le mot du produit a été effacé, c'est pour une bonne raison gouvernementale. En effet, une loi interdit d'appeler mayonnaise un produit qui ne contient pas au minimum de 7,5% de jaune d'œuf et de 80% de matières grasses, ce que ne recèle pas la version allégée. Notons que cette loi qui s'appelle "loi mayonnaise" est dès lors en infraction avec elle-même. Mais cette raison de l'éviction d'un terme explicatif sur l'emballage, n'en est qu'une demi, l'autre moitié provenant sans doute d'un déficit d'imagination, allégée elle aussi. Car on aurait pu appeler la mixture Onnaise ou Mayonna. Mais non! Rien du tout!
Comme je le disais plus haut, la référence immédiate à un produit light et la perception de ce produit comme tel par la couleur bleu ciel du couvercle interpelle. Il en va de même pour les autres contenants dont le, chapeau indique le degré de matière grasse du contenu.
Pour la plupart des produits laitiers et ses dérivés, le rouge est l'indicateur du produit le plus complet et partant le plus riche en graisse, le vert étant une demi mesure, et le bleu, la version écrémée jusqu'à la lie.
Et pour ceux qui ne font pas leurs courses eux-mêmes, je précise que la crème fraiche à capuche rouge avoisine 30%, la verte 15 à 20% et la bleu 5%. Dans ce dernier cas l'appellation crème est évidemment fallacieuse.
Ces références couleurs sont intéressantes à plus d'un titre. Car objectivement, rien ne lie la couleur choisie au produit. En soi, le rouge n'est pas plus gras ou plus lourd que le vert ou le bleu. N'empêche, par on ne sais quel apprentissage inconscient nous avons assimilé ces informations dans une case juchée au-dessus de notre néocortex. C'est, sans doute ce qu'on appelle l'intégration d'un code. Il faut se rendre à l'évidence, les couleurs font ici office de langage. Tout comme la langue française où le mot chaise, n'a rien à voir avec l'objet qu'il désigne, le signifiant étant clairement dissocié du signifié. C'est ce que Ferdinand de Saussure appelait l'arbitraire du signe. (C'est chiant mais instructif, comme toujours).
Petit souci, la démonstration concernant des pots de mayonnaises ne s'applique pas à nos potes politiciens. Ce n'est plus la même sauce. Les couleurs des partis politiques elles, ont une signification qui renvoie à une réalité vraie, passée ou actuelle. Les couleurs ne servent plus de langage mais de parole, fondatrice des mythes puisque nous sommes ici dans le monde des belles paroles. Cependant, pour le sémiologue en herbe, l'analyse des couleurs politiques mérite aussi le détour.
- Le rouge des socialistes et communistes encore vivants rappelle les bains d'hémoglobine des révolutions populaires d'antan, et d'avant qu'il n'accèdent au pouvoir.
- Le vert, est la teinte de l'écologie mignarde et gentillette au bon goût de la nouvelle terre sainte et qui fait référence à chlorophylle florale de la mère nature.
- Le bleu des MR est ici un double bleu. D'abord, celui du sang de la même couleur, c'est-a-dire, les nobliaux, aristos, parfois crétins issu de la consanguinité, et nombreux au sein de ce parti. Ensuite, la panoplie de ceux pour lesquels la politique est à eux et qui veulent y voir que du bleu, expression signifiant ne s'apercevoir de rien, n'y rien comprendre. Et cela, on l'a bien vu dans quelques dossiers récents dont ils étaient en charge.
- Ensuite il y a le jaune safran CDH tirant à boulet rouge sur l'orange. La couleur de l'infidélité de Judas, un transfuge CDH de jadis et de Ganelon, traitre à Roland et à Charlemagne. Le sacré Charlemagne, celui qui a inventé l'école, l'éducation publique et son ministère que vient de quitter la traitre Milquet, démasquée dans une sombre histoire d'emplois au noir.
Y a pas a dire, les couleurs, c'est tout un monde. Faut pas s'étonner qu'avec elles, devant leur chevalet, certains finissent par s'emmêler les pinceaux.