Ce qui est vrai pour la voiture l'est aussi pour l'ordinateur qu'on nous prépare et dont les potentialités se situent au-delà de toute utilisation possible. Et cela se vérifiera aussi pour les grandes réalisations ultra performantes à venir comme Hermès ou le TGV, (investissement: 100 milliards, sans les sur-coûts, avec lesquels une minorité de PDG performants gagneront 11 minutes sur le trajet Bruxelles-Liège, si tout va bien.)
En fait, à partir d'un certain stade, la performance se transforme en une chimère, une idéologie, une virtualité d'autant plus proéminente qu'elle doit masquer l'absence bien réelle de finalité. Seulement, la béance du rien ne sera jamais comblée par la performance parce que c'est elle qui creuse le trou comme la soif vient en buvant.
Se pose alors la véritable question: que vient faire tout ceci dans Li Monde? C'est très simple. Soit, cet article se présente comme une performance imbécile et dans ce cas il sombre dans l'inutilé la plus spectaculaire, soit il se veut totalement inutile, alors peut-être, il n'est pas complètement stupide. Mais ça, c'est à vous d'en juger, tas d'incompétents!
Li Monde, novembre 1992
C'était pas mal non plus avant.
C'est, lorsqu'elle devient parfaitement inutile que la performance se présente comme l'impératif de toute entreprise, de toute réalisation. Et, peut-être que le but ultime de la performance est précisément de ne servir à rien. Le plus bel exemple est celui de la bombe atomique: objet parfait dont l'efficacité est telle qu'elle l'a définitivement condamné à ne jamais servir.
Or nous vivons aujourd'hui sous le signe de la performance dans cette mythologie de l'efficacité et de la rentabilité pure. Tant les sujets que les objets évoluent ou plutôt involuent sous le terrorisme performatif. Mais qu'on ne s'y trompe pas: c'est leur inutilité radicale qui transparaît partout.
Dans le domaine sportif, dans la pataphysique des corps et des sujets c'est bien l'inutilité de l'effort qui le fait accéder au rang de performance (individuelle, olympique, mondiale). Elle devient alors la finalité du jeu, le but définitif. Ainsi, il y aura de la performance à courir 25 kms dans l'heure ou à soulevé 100 fois des altères sans autre finalité que de le faire. Mais il n'y en a aucune à courir pour prendre son train, ou à transporter 100 caisses pour un déménagement. Non, ça c'est de l'ordre de l'utile, pas de la performance.