DECATHLON. On ne se trompera pas beaucoup en disant qu'aujourd'hui l'équipement fait du sport ou tout au moins, fait le sport. Il suffit de se rendre dans une de ces hypers mégas surfaces dédiées à la culture mercantile de cette activité pour être convaincu que l'accessoire est devenu l'essentiel. 60 modèles de raquettes de tennis, autant de vélos, une bonne centaine de types de chaussures différentes, etc,... et pour le reste, voir le catalogue.
Regardez les cyclotoristes passé dans la rue, ils sont harnachés comme les pros du Tour de France ou de la Flèche wallonne. Rendez-vous sur un terrain de tennis, vous verrez quantité de Federer, Nadal et autre Djoko.
Il y a une sorte d'identification mimétique aux stars du sport par le truchement du vêtement, du vélo, de la raquette, bref de l'accessoire qui prête à sourire et à s'interroger. Précisons que ces stars n'y sont pas pour rien, puisque certaines ont leur ligne de vêtements et que les autres font toujours la pub de leurs sponsors.
Pourquoi tout ce cosmétisme comique, pourquoi cette volonté de copier les idoles? Vraisemblablement pour ça. Pour leur ressembler et s'identifier à eux. Et sans doute aussi par manque de personnalité et de qualité sportive intrinsèque.
Cela fait bien sûr le bonheur de toutes les marques ayant pris d'assaut le créneau du sport. C'est devenu leur "corps business" et c'est aussi le business du corps, celui de la forme physique, du jeunisme et de l'éternelle santé.
Il fut un temps où l'on pratiquait une activité physique sans autre besoin que le simple contentement éprouvé. Un short troué, un ti-shirt délavé, une raquette ringarde ou un vélo de papa faisait l'affaire. Je ne suis pas sûr qu'on trouvait moins de plaisir à cette époque-là. Par contre, je suis certain qu'on y trouvait moins de contraintes, comme celle d'avoir toujours le dernier modèle, la dernière version, "l'up to date", le dernier cri, indispensable à ses propres yeux ou à ceux des autres. Sans oublié que tout à un prix et que pour se procurer ces broutilles, il faut passer du temps à autre chose que pratiquer son sport favori ou simplement gamberger un peu sur le sujet.
Il y a sans doute un autre élément qui joue aussi dans le cas des sports d'équipe. C'est le signe de l'appartenance à un groupe. Il faut avoir un jour endossé un maillot pour comprendre son emprise sur l'individu. C'est comme un uniforme pour un bataillon, un peloton, une équipe.
Je disais par boutade en commençant que l'accessoire fait du sport. A bien y regarder, elle n'en sera peut-être plus une dans un proche avenir. Aujourd'hui, Nous connaissons la voiture qui roule toute seule. Ce n'est plus une blague, elle est opérationnelle. Nous savons aussi que des petits malins installent des moteurs électriques dans les cadres des vélos. Dès lors, rien n'interdit de penser que nous verrons bientôt passé des bicyclettes sans cycliste. A terme, nous verrons courir des chaussures sans joggeur. Car c'est le destin des êtres et des objets sophistiqués, ils finissent par acquérir leur autonomie.
Accessoirement, et pour y trouver du positif: si ces paquets ustensiles poussent un peu les individus à se dérouiller les rotules, à prendre l'air et à lâcher deux minutes leur portable pourquoi pas? Mais qu'est-ce qu'il ne faut pas...