FRANCFORT. Le 5 mai, la BCE a signé l'arrête de mort du billet de 500 euros. Il sera retiré de la circulation fin 2018. Bien sûr, Cette information n'a d'intérêt que pour ceux qui en possèdent. Mais allez! Vous vous rendez compte? Le sommet de la gamme, la haute coupure, le fleuron de l'Europe monétaire, la Royce du papier monnaie. Pfft!... À la poubelle. C'est plus qu'un signe cette histoire-là. C'est un véritable aveu de faillite. C'est comme si Chanel abandonnait le N°5, la Suisse Rolex, Bugatti la Veyron, etc...
Il est vrai que plus personne n'en voulait (enfin, plus personne,... entendons-nous. Si on m'en glisse un dans la poche, je suis comme vous, je ne dis pas non). Mais qu'il s'agisse des grandes surfaces, des pompes à essence, des petits commerces honnêtes et sérieux, plus un seul ne vous les prenait, ces satanés billets. Il n'y a que les banques qui jouaient encore avec cette coupure de Monopoly. C'est tout dire. Parce que si elle est retirée de la circulation c'est pour la raison officielle et suivante: "par crainte que cette coupure puisse faciliter les activités illicites", dixit la BCE. Donc, quelque part, c'est aussi reconnaître que les banques... Enfin soit.
Cela dit, une interrogation demeure: pourquoi s'arrêter en si bon chemin?
Pour reprendre nos petits commerces honnêtes, vous savez aussi qu'ils sont de plus en plus réticents pour accepter les coupures de 200 et de 100 euros. Même le billet de cinquante commence à poser problème et j'en ai vu un de vingt passer sous le scanner de reconnais- sance optique. Mazette!
En plus, on parle de supprimer prochainement les petites pièces sonnantes, trébuchantes et ennuyantes de 1 et 2 cents.
Dites, vous voyez ce qui se profile à l'horizon? Un monde sans le sou. Un univers délivré de sa monnaie. La fin du système capitalo-mercantile.
Les Adam Smith, Marx, Keynes et autres pontes doivent se retourner dans leur tombe. Moi, je suis à deux doigt de vous prédire un avenir radieux...
Mais non, ne vous inquiétez pas. Tout ceci n'est que pure élucubration.
Le but de ces manigances argentesques sont on ne peut plus limpides, c'est la transparence. Il convient que tout se fasse par voie électronique pour plus de clarté dans les paiements, les transactions, les échanges etc... Le problème avec la transparence, quand elle devient totalement effective, on n'y voit plus rien. C'est sa définition même.
Vous savez comme moi que, lorsqu'il faut lâcher un billet de 50 euros c'est un peu plus difficile que de régler la même somme avec la carte de crédit. La matérialité des choses a encore du bon. De même, si d'aventure vous perdez un billet de 500 euros en chemin, il pourra peut-être faire le bonheur du quidam qui le trouve. Par contre, si vous égarez 500 euros à la bourse de New York lors d'un crash informatique, comme ce fut le cas en 2013 et 2015, hé bien ces 500 euros sont définitivement perdus pour tout le monde.
Sans être un philanthrope dans l'âme, le commun des mortels préférera quand même la première formule puisqu'il peut devenir aussi le quidam chanceux.
Tout ceci pour dire que le grand rêve du 1er janvier 2002, l'aube nouvelle de l'euro salvateur, ce bel oiseau de papier a pris du plomb dans l'aile. Les feux d'artifices qui ont célébré son avènement ont fait place au déluge de critiques avérées ou non, et à de sérieux contentieux argentiques notamment avec l'antique Grèce.