BELGIQUE. L'enquête progresse. On peut désormais mettre des visages sur les noms et même l'inverse. L'ACOM, l'Agence pour la Communication nous a transmis des photos très parlantes des responsables présumés. Y a pas à dire, on reste frappé par la qualité des documents. A l'heure des mégapixels, de Mediamarkt, et de l'Iphone hyper connecté, on s'aperçoit que le métier de photographe en voie de disparition, n'a rien perdu de sa valeur et de son impérieuse nécessité. Encore une fois, c'était mieux avant, et l'on ne peut que regretter l'époque merveilleuse des studios d'Harcourt. Heureusement pour ceux qui se destinent encore à cette belle profession qui connaît des moments difficiles. Car, tant qu'à appuyer sur un déclencheur, et tant pis si c'est un truisme, autant que de soit pour un cliché.
En ce qui concerne les terroristes, Il semblerait que le réseau soit bien plus étendu que ce qu'on supposait. Les acteurs viendraient d'horizons forts différents: de Syrie, de Belgique, mais aussi d'outre-Quiévrain, et même d'outre-Atlantique. (NDLR: outre-Quiévrain et outre-Atlantique ont un trait d'union en commun. Une similitude confondante dans les événements que nous connaissons.)
Essayons de décrypter les images que nous avons reçues. En haut à gauche, la tête pensante, le cerveau, ou plutôt la moëlle épinière, un proche de Fantomas. A sa droite, si ce n'est lui, c'est donc son frère: Habenoui ! à moins que ce soit celui que l'on surnomme Farid Le Flou mais ce n'est pas sûr. Plus bas, N. Laashranon dont la santé semble précaire. Un homme aux multiples visages puisqu'on le retrouve en-dessous à gauche. Oui, c'est le même. Au centre, on discerne un individu cagoulé juste avant de perpétrer son forfait. Hélas, nous ne pouvons l'identifier. En haut à droite, l'incroyable Hulk, connu des cinéphiles et sorti tout droit des Studios Marvel Californiens. Un personnage irascible et métamorphique en vert et contre tous. En-dessous, on reconnait le suspect au chapeau qui fait l’objet d’un avis de recherche. Il y a encore les deux complices à lunettes de Zaventem, invisibles sur notre document et insaisissables comme le serpent du même nom. Normal, ils ont été pris en déflagrant délit de fuite à l'aéroport. On ne les verra plus.
Et enfin, il y a l'homme à la moustache, une figure bien connue à Molenbêk, sans doute l'ainé et peut-être le chef spirituel qui n'a rien fait pour changer le nom de sa commune en un vocable prononçable par nos amis français. Ce n'était quand même pas la mer à boire. Si Luik peut s’appeler Liège, Mons Bergen, Molenbeek pouvait très bien se nommer Le Ruisseau aux Moulins. C'est joli, francophile et poétique, voire touristique. L'image de notre capitale en aurait été redorée.
Quel dommage! On se consolera de ce triste tableau en fredonnant avec ce vieux revenant de Renaud une vérité séculaire: "Dans cette putain d'humanité, les assassins sont tous des frères, pas une femme pour rivaliser, à part peut-être, madame Tatcher". Mais voilà, depuis avril 2013, elle a retiré sa référence. Dieu ait son arme.
Et puis, nous aurons une pensée sincèrement émue pour notre confrère de la RTBF qui a perdu sa fille Lauriane dans l'attentat de Maelbeek, Eric Visart, le journaliste économique, interviewé au JT du 26 mars et qui confiait, non sans émotion, que "ce qu'il faut à présent, c'est de l'amour". Visart, vous avez dit Visart ? Quand l'économie se met à parler d'amour, on se dit qu'il y a vraiment quelque chose qui ne va plus et on redoute le pire. La preuve: le lundi 29, lors du rassemblement fraternel contre la peur qui vit débouler un troupeau de hooligans nordistes à peine radicalisés, comme s’il s’agissait d’un vulgaire match de foot. Et tout celà se passe où? à la Bourse, la place du Bel 20 ! Voilà ce qui arrive quand on mélange centimes et sentiments.
Cependant, puisqu'il faut toujours rester positif (j'ignore pourquoi, c'est ce qu'on m'a dit), voyons le bon côté des choses: après de multiples revendications, les riverains de l’aéroport on enfin retrouvé le sommeil... pour quelques jours, bien sûr, car nous savons que tout a une fin.
A ce propos, et pour conclure à l'instar de Visart, je ne peux résister à l'envie de partager cet hymne à l'amour qu'entonnaient autrefois les enfoirés, et dont nous devons les paroles originales au poète québecquois décédé de mort lente: Raymond Lévesque. "Quand les hommes vivront d'humour, il n'y aura plus de mystère, les jihadistes seront troubadours mais nous, nous serons morts, salam alikoum, mon frère".