On pourrait commencer comme Coluche en disant: "c'est l'histoire d'un mec". Et, ce mec d'aujourd'hui, "mon mec à moi", c'est un citoyen très ordinaire puisqu'il lui arrive de parler d'aventure, d'amour et aussi de voitures. C'est un brave type comme beaucoup, un peu coincé entre les idées qu'il pense défendre sincèrement et puis, celles de son double, l'autre mec, son alter ego: le consommateur.
Avant de continuer et pour éviter toute ambiguïté, discrimination ou sexisme mal placé, je souhaite préciser que ce mec peut aussi être une meuf.
Lui, c'est un écolo convaincu. Il vote pour les verts, d'ailleurs c'en est un. Pas un vert pâle, un vert à moitié vide ou un vert de temps en temps. Non! Un vert plein, dense et profond, un verre bouteille. Un vrai vert de terre. D'ailleurs, il ne mange que les légumes de son potager ou alors du bio, vert et vilain.
Il clame haut et fort qu'il faut à tout prix combattre la pollution. Il est le premier à dire que, pour que l'avion soit moins nocif que la voiture, il doit voler au minimum 5.000 kms. Mais c'est aussi un farouche défenseur de la liberté, du moins pendant ses temps libres. Alors, s'il a envie de descendre sur la Côte d'Azur ou l'Adriatique cet été, ce sera quand même avec Ryanair.
Quand il est privé de liberté, qu'il doit se rendre au boulot, il prendrait bien son vélo mais hélas, il a reçu une voiture de société. C'est dommage.
Rien ne le révolte plus que le blanchiment d'argent, sauf peut-être le travail au noir. Là, il voit rouge. C'est vrai, après tout. Lui, il est salarié, ses revenus sont transparents comme l'eau clair, donc il paye forcé et forcément l'impôt complet sur l'infortune qui est la sienne. Mais le jardin est un peu grand pour cet homme qui n'a que deux bras. Alors quand il s'agit de tailler les haies, il appelle Lukasz, le polonais. Et si on peut éviter de payer la TVA, en black, c'est toujours ça de pris sur le prix!
Si je l'ai déjà dit, je me répète, c'est vraiment un brave type. Tous les ans à Noël, systématiquement, il verse aux bonnes œuvres de Médecins du Monde et de Handicap International. A cette époque, Il y a vraiment trop de gens malades et malheureux, trop de victimes innocentes qui souffrent sans raisons.
Cependant, la période des fêtes, c'est aussi la fin de l'année. C'est l'occasion de voir si le travail a rapporté ses fruits et si on a pu réaliser des petites économies. Ben oui ! il y a quelques dollars de plus à la banque. On ne va quand même pas laisser traîner ça sur un compte qui ne rapporte qu'un minuscule 0,11%.
Alors, il y a la sicav, un pot pourri d'actions, un mixte tordu et pas très net de sociétés parmi lesquelles on retrouve quand même BP, Suez, Total, Deutsche Bank, etc...
BP? British Petroleum ! Pas très écolo cette marée noire dans le Golfe du Mexique en 2010. D'accord, c'est très loin Deepwater Horizon, mais quand même.
Suez. A moins que ce ne soit Engie ou encore Electrabel, on ne sait plus très bien. Mais en tout cas, c'est Doel et Tihange. Si cette énergie n'est pas vraiment durable, ses déchets eux le sont. Et en termes de philosophie d'entreprise, on s'écarte sensiblement des panneaux photovoltaïques qu'il a fait installer sur son toit.
Et puis, il y a Total, La Total ! Surtout en Afrique où elle exploite tout le monde mais principalement l'or noir qui coule à flots faisant l'objet de rivalités, de sordides conflits et par là, son lot de victimes innocentes; des handicapés à l'international, des gens malheureux et qui souffrent pour de vraies raisons.
Enfin, et je m'arrêterai avec elle, il y a la Deutsche Bank. C'est une allemande comme VW et ses moteurs ou comme Opel. En principe, "une allemande, ça ne fait pas de blague!" Mais voilà, l'actualité récente nous apprend que c'est une déesse des paradis lointains. Une championne de l'entourloupe qui passe au bleu outre-mer des montages et des montagnes d'euros. Bref, c'est Bonux Bank, une reine du blanchiment.
Franchement, il n'est pas triste mon mec. Il est même assez haut en couleurs. Sans le vouloir, il ressemble un peu au docteur Jekyll et à mister Hyde. Mais il est parfois déboussolé dans ce monde à deux têtes et il lui arrive de faire grise mine. Une sorte de mélange teinté de noir et de blanc. Enfin bon! c'est un citoyen et un consommateur ordinaire comme on en rencontre tous les jours.