d'écolier, l'omission impardonnable de ce vers capital: "Sur mon blockhaus, j'écris ton nom, Liberté."
Quel bonheur de voir toutes ces petites pensées sauvages s'épanouir par dizaines dans notre région pastorale. Peut-être ne sont elles pas aussi colorées que celles des taggeurs et graffiteurs urbains. Mais au moins, elle sont légales. Et surtout, elles témoignent du sens poétique populaire que l'on croyait éteint depuis l'expressionnisme teuton des années quarante.
Ainsi, flânant le long des propriétés cousues de fils barbelés, le promeneur bucolique qui ne sait plus où donner de la semelle en viendra-t-il à se poser cette question de clôture: si le belge est réputé pour avoir une brique dans le ventre, ne mériterait-il pas d'avoir aussi un pavé dans la figure?
Li Monde, septembre 1992
Ne manquant pas de mordant, la petite la petite satire ci-dessous pourrait s'attirer des ennuis. Certes, elle a déjà 25 ans mais elle possède encore toutes ses dents!
Il manquait dans Li Monde une rubrique littéraire rassemblant les petites notes de poésie glanées au hasard des chemin creux et des ruelles de notre belle région. Preuve que notre terroir culturel recèle encore quelques perles oubliées, le promeneur averti succombera sous le charme de ce quatrain anonyme:
"Défense d'entrer, domaine privé
Avec tirs à balles et pièges-poison
Chiens très dangereux, fils électrifiés
Poursuites pénales en cas d'infraction."
Plus loin, sur le grillage ceinturant une gentilhommière aux allures de camp retranché, une plaque amicale ravira l'amateur d'envolées lyriques: "Attention, chien en liberté". Cette (apo)strophe à 4 pattes mais à 8 pieds, admirablement ciselée, nous rappelle que Paul Eluard n'était pas le poète immortel présumé. Car elle met en lumière, à côté de son cahier .........