BELGIQUE. Caterpillar, Axa, CP Bourg, Douwe Egberts,... Oui et alors? Cela fait belle lurette que nous savons pertinemment dans quelle pièce nous jouons. C'est l'histoire d'un système capitaliste et concurrentiel qui, dans sa forme moderne fut écrite au 18ème siècle. On en connaît la trame, l'intrigue et l'épilogue. Pourquoi s'offusquer de ce qui se passe sous nos yeux aujourd'hui alors que cette comédie dramatique a été présentée des dizaines de fois. Est-on encore surpris par une interprétation de "l'Avare" de Molière? Non! Alors pourquoi l'être par "le Capital" de Marx?
Nous savons ce qu'il en est: on prospère, on s'enrichit, on en profite allègrement quand tout va bien mais nous n'ignorons plus que la pièce a toujours son revers et, lorsqu'il se produit, seul notre étonnement devrait nous étonner.
Dis-moi mon ami, pourquoi as-tu décidé de travailler pour une entreprise américaine, fleuron d'un système où l'argent est roi et domine le monde. Pourquoi t'être vendu pendant des années à ce géant du capitalisme et du profit si ce n'est aussi parce que cette entreprise payait bien et qu'il fut un temps où l'emploi y était sûr? Tu t'y voyais déjà comme ton père jusqu'à la retraite. As-tu oublié le scénario de la pièce, ses rebondissements et le dénouement inexorable qui clôture le spectacle à chaque fois?
Te voilà devenu un acteur malheureux mais ce ne fut pas toujours le cas.
Malgré tes connaissances, ton savoir-faire, ton "know-how", on ne veut plus de toi. A présent, tu coûtes trop cher car d'autres ont acquis tes compétences et travaillent à moitié prix. Comme le disait la chambre de commerce américaine en Belgique sans aucune dramaturgie car elle connaît bien son sujet: "C'est le marché. C'est malheureux mais c'est comme ça!" Ben oui, y a pas de secret. Dans cette oeuvre théâtrale, le dernier acte s'appelle délocalisation. Mais tu es au courant. En vivant en Wallonie, tu sais ce que sont devenus les aciéries et les métallos, et avant eux les charbonnages et les mineurs, tous délocalisés à l'Est et en Asie. C'est toujours pareil. En fait, tu es une gueule noire contemporaine. Mais tu vis toujours, tu n'es pas mort d'un coup de grisou au fond d'une mine. C'est déjà un progrès par rapport à tes prédécesseurs.
Donc, rien de bien neuf sous le beau soleil de septembre. Et on se dira que la mort des chenilles à Gosselies en 2016, c'est un peu ce qu'on a connu à Court-Saint-Etienne en 1984: la fin des Henricot.