Cétait pas mal non plus avant.
Que penser lorsqu'il se met à marcher au pas et à mâcher ses mots pour aller s'infuser de science sur un de ces bancs lacérés par cent ans d'impatience, ou lorsque montant sur l'écha- faud de l'estrade, il passe à l'exécution capitale d'une prime leçon?
Ah, septembre, on ne t'oubliera jamais avec tes coups de sifflets gendarmesques, ta cloche toccine, tes corvées de frottoirs, tes réfectoires infectes, tes coups de triques, tes coups de trac, tes bruits de bottes dans les couloirs, bref, ton grand tableau noir.
Septembre! c'est avec toi que tout commence, que tout s'ordonne et s'enchaîne. Sans toi, que serait devenu le 11 novembre?
Car enfin, toi seul nous procure ces choix; quand tu reviens, les rangs, les bataillons, les bouchons se reforment pour combattre l'ennui qui menaçait déjà les quelques jours de permission acquis à la sueur de notre front populaire et à la sciure de notre petite cervelle.
Li Monde, septembre 1992
Non, décidément, septembre n'est pas un mois comme les autres. Il arbore une teinte particulière faite d'une touche d'été cirrhosé et d'une pointe de rouille automnale. Pour les uns, c'est la couleur des réminiscences mélan- coliques reniflées à l'ombre d'un tilleul bien tassé ou d'un marronnier rabougri. Pour les autres, encore embaumés de fraicheur innocente, c'est la douleur des grandes découvertes sur les sentiers de l'immonde. C'est que malgré son arsenal d'images d'Epinal, septembre ne laisse personne indifférent, ni les cons caducs, ni les cons débutants.
N'est-on pas conquis par l'entrain primesautier de ce bambin doré entrant tout de go dans sa première caserne où flotte une irrésistible odeur de poudre de craie?
N'est-on pas ému de le voir traîner son nouveau boulet, tel un cartable trop chargé? Pour peu, on se l'imagine déjà trimballant le fusil et puis l'attaché-case, au cours d'une lutte des classes qui vient à peine de commencer.