En l’espace d’un an, on en a quand même vu beaucoup, des affaires. Le Panamagate, le Dieselgate, le Kazakhgate, le Pénélopegate, le Costumegate, le Publifingate, le Photovoltaïquegate, j’en passe et des moins bonnes. Mais on aurait tord de croire que la malversation, la corruption, les privilèges acquis et masqués ne sont l’apanage que des riches et des puissants, des mandataires menteurs et de nos bonshommes politiques. Bien sûr que non. Dans toutes les strates du bon peuple, on trouve les mêmes tendances et penchants tellement humains qu’on ne les rencontre que rarement dans la gent animale.
Nous avons évoqué dernièrement les victimes fictives des attentats de Bruxelles en quête de dédommagements financiers abusifs et indus. Un comportement remarquablement retors qui met en lumière les facultés créatives de l'espèce humaine. Nous avons aussi parlé des propriétaires de panneaux photovoltaïques, bénéficiaires privilégiés de primes et avantages supportés par l’ensemble des consommateurs. Et bien qu’étant au courant de l’iniquité existante, on ne les a pas vu monter sur les toits pour signaler la chose et revendiquer plus de justice sociale et consommatoire en la matière.
On ne reviendra pas sur les dires et les actes de nos amis de la terre, les vertueux petits hommes verts, par lesquels nous avons appris un jour que prendre l’avion pour faire moins de 5.000 kilomètres étaient un péché écologique et un acte contre nature. Que penser lorsqu’on les retrouve vacanciers en pays cévenol pour un stage d’initiation à la fabrication du fromage de chèvre avec en poche un billet aller-retour de Raynair?
Et puis, nous tairons le cas de tous ces malades fictifs qui ont décidé d’arrêter de bosser pour se reposer sur la mutuelle avec l’aval de toubibs complaisants alors que rien ne le justifie. Une réalité d’autant plus malicieuse que les gens honnêtes sont, comme toujours, les cochons de payeurs. Il y aurait encore le travail des noirs ou en noir et le blanchiment d'argent, etc, etc,...
On pourrait poursuivre en déployant l’éventail des tripatouillages afin de n’oublier personne et que chacun s’y retrouve. Mais à quoi bon. Depuis le temps, nous savons que nul n’échappe à la nature humaine.
Alors, au vu de ce qui précède, peut-on raisonnablement penser qu’un changement de comportement soit possible? Et d’abord, le souhaite-t-on réellement? Il est difficile de dénoncer ou de s’élever contre quoi que ce soit quand on trempe soi-même dans une eau un peu trouble, un petit privilège ou un soupçon d’intérêt caché. Et la société des hommes étant ce qu’elle est, c’est-à-dire une magnifique pyramide, on comprendra que si le sommet évolue dans les limbes avantageuses et les embrouilles, c’est parce qu’il repose sur une base solide qui lui ressemble. On sait aussi que, pour une pyramide, un simple basculement transforme un angle de base en sommet, et inversement.
La question subsidiaire est la suivante: faut-il déplorer cette situation et le comportement peu reluisant de l'engeance humaine? Pour tous les apologistes d’une société plus droite et plus honnête dans laquelle tout le monde serait beau et gentil, pour les redresseurs de tords et de tous poils, on aura une pensée émue comparable à celle que l’on dédie à sainte Rita et aux causes perdues. Mais d’un autre côté, on se consolera en se disant que, si tout le monde il est faux, tout le monde il est bandit, finalement dans ce monde, tous les hommes ils sont frères.
NDLR. La longueur de cette article est un mensonge éhonté, une tromperie de bas étage, une infâme supercherie au regard de ce qu'annonçait notre éditorial, mais il confirme par là toute la pertinence de son titre.