On a dit suffisamment de mal du 47ème festival de Cannes et de son palmarès pour ne pas en rajouter. Certes, il devient difficile de visionner un bon film comme il devient difficile de voir une bonne émission télé etc, etc... C'est un symptôme des temps: l'art chute comme Icar, surchauffé par les projecteurs médiatiques.
Cela dit, Cannes n'est pas le festival de l'art cinématographique, c'est celui du cinéma. Ce n'est pas le rendez-vous des artistes, c'est celui des stars. Rien à voir avec une quelconque vérité culturelle, c'est du show. Voilà pourquoi, il y a toujours un événement annexe compensatoire, un trait de génie sympathique qui redonne un peu de festivité au festival ou qui met un peu de baume sur les litres d'hémoglobine. Cette année, c'est un belge qui a sauvé le mélodrame de la Croisette. L'œuvre qu'il a signé figure déjà parmi les grands classiques et s'inscrit dans une ligne artistique qui s'apparente au remake.
Le plus intéressant, c'est que l'œuvre en question n'avait pas pour support médiatique une bobine de film mais une bobine de philosophe.
De surcroît, l'action sortait du cadre traditionnel de la virtualité filmique pour atterrir dans la plate réalité existentielle. Le happening faisait ainsi son entrée remarquée au festival grâce à l'illustre entarteur belge. Celui-ci n'en est pas à ses débuts et doit sa renommée à son acteur fétiche auquel il confia, une fois de plus, le rôle principal de sa dernière production. Il s'agit évidemment de Bernard Henri-Lévy, ancien néo-philosophe, ex-romancier, futur député européen mais toujours cuistre, et tout récemment conquis par la cuisse d'Agnès Dombasle qui lui refila le virus du septième art en plus du septième ciel. En effet, BHL multimédia présentait son premier navet intitulé "Bosna!" au public de Cannes.
A cette occasion, il obtint sa troisième tarte à la crème en pleine poire, tarte qu'il reçu des mains de l'entarteur lui-même (on espère que ce ne sera pas la dernière).
L'entarté doit beaucoup à l'entarteur car ce n'est pas tous les mois qu'on bénéficie d'un entrefilet dans Li Monde. Cependant il faut être juste et reconnaître le talent de ce grand comédien qui parvient à nous faire rire en nous offrant, malgré lui, le cinéma qu'on aime.
Li Monde, mai 1994
Cannes: le cinéma qu'on aime
Paru en mai 1994, et en relation avec notre page culture d'aujourd'hui, l'article ci-dessous nous prouve qu'il y a bien longtemps que le mois de mai est le mois de Cannes et des cons.