CHEZ NOUS. Hélas, trois fois hélas... mais ça n’en fait toujours que deux, donc hélas, il faut parfois redevenir sérieux un moment. Certes, le moins longtemps possible mais il est nécessaire de réintégrer le champs de la gravité, de cette partie obscure de la raison qui n’entend rien à la saine dérision, aux bons mots et à l’humour salvateur, cette partie de la raison à laquelle tant d’individus se rallient dans une sorte d’obnubilation maladive, une manie compulsive souvent parée de certitude hautaine, causant à terme l’atrophie des zygomatiques essentiels et la sclérose des neurones de la bonne humeur qui condamne parfois le processus vital. Car, oui monsieur, on peut mourir de componction bien plus que d’éclats de rire.
Mais alors pourquoi redevenir sérieux? Pour une raison toute simple et que nous avons déjà évoquée: parce que le sens provient de la dualité des choses. On ne reviendra pas sur la longue énumération du jour et de la nuit, du bien et du mal, etc…, énumération qui comprend bien entendu et, oserais-je, dire la sériosité et la badinerie ou si l’on préfère la gravité et la légèreté.
Oui, c’est triste mais la légèreté n’existerait pas s’il elle était seule au monde. Sans gravité pas d’apesanteur. Cela dit, l’état ou le temps de la gravité peut être réduit au strict minimum comme l’atteste l’ensemble des études cosmologiques modernes. Il est intéressant de constater que la gravité n’existe que dans des situations extrêmement rares à l’échelle de l’univers et que partout, l’absence de gravité domine. Ceci devrait nous faire réfléchir et sourire car s’il en est ainsi, c’est sans doute, pour une bonne raison.
Mais voilà, c’est fait. Le temps imparti aux choses sérieuses est suffisant, place à la pitrerie et à ceux, nombreux qui s’en revendiquent.
Le premier sur la liste est évidemment notre ami, le gnome Louis Michel dont le sens de l’auto-dérision et de l’auto-critique nous laisse pantois. Les enseignants et les fonctionnaires victimes de ses derniers quolibets s’en souviendront longtemps. Quant aux excuses susurrées par le petit Louis, on a pas fini d’en rire. Le plus drôle c’est que ce triste politichien politocrate, pour lequel gagner 4.800 euros net par mois est un salaire de misère, ce vieux briscard politocard semble être frappé d’Alzheimer. Il oublie certainement ses origines d’enseignant en littérature étrangère à l’école Normale de Jodoigne pendant 10 longues années. Alors prof et fonctionnaire, il doit bien connaître. Mais dans quel langue faut-il lui rappeler?
Le deuxième clown que nous retiendrons est le charmant Armand. De son vrai nom, De Decker et pourtant pas très droit dans ses bottes, d’après l’enquête en cours et selon un soudain congé de maladie qui témoigne à lui seul. Armand De Decker que l’on confondait autrefois avec Eliot Ness et qui, aujourd’hui, prend plutôt les traits d’Al Capone. Jadis avocat, actuellement convoqué et prochainement, sans doute, révoqué. En cause les traditionnels pots-de-vin et magouilles, et les émoluments excessifs qui semblaient parfaitement raisonnables aux yeux de l’intéressé. Mille euros de l’heure, c’est la norme sur la planète d’Armand. Un petit séjour sur terre ne pourrait pas lui faire de tords. Il y découvrirait des journées à 10 balles et des maisons d’arrêt désargentées.
Enfin, les filous Fillon, deux larrons en foire qui pourraient bien l’avoir dans le fion pour parler crûment. Mais mieux vaut causer vrai et vertement que camoufler la vérité et l’employer fictivement. Et puis, quelle belle métaphore que cette histoire de la Revue des Deux Mondes. Un titre on ne peut plus parlant. Car il s’agit bien de deux mondes différents qui coexistent à cent lieues l’un de l’autre. L’un connecté à la dure réalité du travail et l’autre totalement déconnecté des contingences de ce bas monde. D’un côté les masses laborieuses, de l’autre les miches dans le beurre, car enfin toucher un salaire de 3.677 euros net par mois pour ne rien faire, c’est parfaitement justifié selon François Filou, le spationaute français.
Et oui, cette déconnection générale des gouvernants par rapport aux gouvernés est interpellante et prend de sérieux accents de gravité. Oui, nos politiciens semblent vivre loin de nous et de notre planète dans un état d’ignorance, d’insouciance et de légèreté qui commence à peser. Mais tout ceci et tout ce qui précède n’existe que pour justifier une réplique mémorable qui pourrait être assénée aux personnages dont nous avons parlé et à bien d’autres. C’est évidemment celle de Jean Gabin (Louis Josse) à Robert d’Alban (Gouvion) dans Le pacha: "Quand on mettra les cons sur orbite, t'as pas fini de tourner ".
Un grand moment de cinéma à revoir: