Cétait pas mal non plus avant.
Je le dis tout net mais je n'en pense pas moins, le "Monde Libre" (selon Willy Claes) a parfois de curieuses appellations.
Dans ce contexte, on peut déplorer, qu'à l'inverse d'autres pays, des décennies se passent sans que nous puissions bénéficier d'une quelconque aide humanitaire. Malgré toutes ces mains levées à l'occasion de multiples résolutions, l'ONU ne consent pas à lever le petit doigt pour nous. Il n'y a aucun espoir qu'on nous envoie une colonne blindée pour nous apporter le nécessaire indispensable à une vie décente. Il ne faut pas compter là-dessus et les gens le savent pertinemment bien.
C'est la raison pour laquelle ils s'expatrient de plus en plus nombreux pendant ces deux mois de vacances. Et s'ils reviennent, c'est qu'ils ne peuvent faire autrement.
La situation est donc critique. Il règne un calme précaire, ici, sur la petite ville désertée de Limelette-Rixensart-Rosières. Les mortiers se taisent, les bétonnières aussi. Mais on peut craindre le pire dans les tous prochains jours qui seront marqués par le retour massif des troupes bronzées.
(En direct depuis Limelette, pour Li Monde.)
Li Monde, août 1992
Il restait une colonne vide ici même. Une colonne blanche comme le marbre de Carrare, peu fréquent. Et il ne s'est pas trouvé de quidams pour y graver un billet doux ou un quelconque graffiti burlesque. C'est dommage mais il faut porter à leur décharge le fait bien excusable qu'ils (les quidams) sont tous absents, exilés vers des pays plus accueillants, réfugiés dans des camps de vacances étrangers.
Car c'est un fait acquis, pendant les mois de juillet-août, les belges fuient leur pays comme s'il s'y déroulaient de violents combats durant toute l'année et qu'une accalmie estivale permettait un exode massif. Les conséquences sont étonnement semblables à celles qu'on rencontre ailleurs avec leurs lots de misères: encombrements aux frontières, voitures surchargées par de pauvres gens emportant tout ce qu'ils peuvent avec eux. Des scènes d'enfants pleurant dans la chaleur des embouteillages ne sont pas rares et les victimes innocentes, fréquentes. Parfois même, des hélicoptères survolent ces convois pris de panique par un mitraillage d'informations routières. C'est terrible.
Or, si toutes ces scènes d'horreur en rappellent d'autres, c'est que, quelque part, les facteurs qui les déclenchent se ressemblent aussi. Et que l'âpre turbin annuel avec sa concurrence à couteaux tirés, ses assauts d'agressivité, ses coups de téléphone à répétition, ses parcours du con battant, bref que la vie quotidienne sous Jean-Luc 1er a des accents de petite guerre civile.