PARIS. On se rappelle de la tirade du père François candidat à la présidentielle française de 2012. "Moi, président, ceci... Moi président, cela...". C'était long et laborieux. Tandis que cette fois-ci, c'est court et élégant: "Moi, plus président !" Ça sonne petit nègre mais au moins, tout le monde a compris. Et voilà enfin une promesse qu'il va pouvoir tenir. Sans oublier que ce pauvre François pourra enfin se montrer en public avec sa belle Julie sans porter son casque sur la tête, du moins, si elle le veut bien parce que, s'il n'est plus président, peut-être qu'elle sera moins prétendante.
De plus, et pour une fois, cette capitulation au sommet pourrait bien lui attirer l'élan de sympathie dont il n'a jamais bénéficié au cours de son mandat. Le peuple aime les loosers, les perdants, ceux qui lui ressemblent. Il a de l'empathie pour les simples mortels qui abandonnent et passent la main, victimes du combat quel qu'il soit. Pareil pour la presse qui n'a pas tari d'éloges à l'annonce de cette non représentation. Li Monde faisant partie ce cette maudite presse reconnaît une qualité certaine au quidam qui sait dire non, qui peut aussi reconnaître ses erreurs pour laisser la place aux vrais imbéciles.
On peut d'ailleurs se demander, si le meilleur aujourd'hui, n'est pas justement celui qui ne consent plus à courir, à concourir, à mentir et à trahir... Ce que feront inévitablement les autres engagés et enragés dans ces "games of trône" version française.
On pourrait aussi en déduire que ce fameux pouvoir n'est rien d'autre que cela: la possibilité de mentir à la face du monde, d'être l'arracheur de dent en chef, de ne tenir aucun de ses engagements sans jamais rendre compte à quiconque de ses reniements. Partout ailleurs que dans les limbes du pouvoir, on serait condamné par un tel comportement: licenciement dans le monde du travail, abandon dans la sphère des relations privées.
Quoi qu'il arrive, quel que se soit le pauvre individu qui accèdera au poste suprême, la France n'aura pas mieux que le Hollande. Aujourd'hui, les hommes politiques sont à l'image des objets qui nous entourent: viscéralement condamnés à être remplacés, obsolescents dans l'âme, voués prématurément à la grande déchetterie médiatique, gadgets éphémères de la gorgone Communication. Et dans la mesure où ils s'y donnent tout entier et sans réserve, ils seront également lâchés ou lynchés sans égard et sans retard.