Il est beaucoup question de fin ces derniers temps.
Néocapitaliste convaincu jusqu’il y a quelques mois, l’économiste Bruno Colmant a reconnu dans une carte blanche parue dans La Libre que le système dans le quel nous vivons était devenu incompatible avec le défi climatique et d’autres tout aussi essentiels (1). Lorsqu’un ex ardent défenseur de l’économie de marché reconnaît les erreurs du système et en vient à publier ce constat, il faut à la fois saluer l’aveu qui est fait et l’intelligence qui consiste à proposer une solution, en l’occurence, l’urgence d’une planification étatique pour résoudre des problèmes vitaux qui échappent à l’économie moderne. On notera cette phrase: “Nous ne pouvons plus dissocier, ainsi que je l’ai erronément cru trop longtemps, économie et écologie, car l’avidité de l’enrichissement entraîne un saccage de la nature.”
On ne sait pas encore si pour être accord avec ses nouvelles convictions, Bruno Colmant quittera ses fonctions à la tête des banques dont les activités font tourner l’économie qu’il condamne. C'est un autre défi de taille.
En attendant, l'autre Bruno, Bruno Lemaire, ministre de l’économie français vient de proposer que les prix de l’énergie des ménages soient adaptés aux revenus des citoyens. Voilà encore un projet totalement opposé à la fumeuse loi du marché et la fameuse “main invisible” d'Adam Smith.
Le summum vient sans doute du Président de la République lui-même, ancien banquier et farouche partisan de la croissance, qui nous a annoncé la fin de l’abondance et de l’insouciance en appelant les Français à la sobriété énergétique (2). Lorsqu’on sait que c'est bien la consommation énergétique qui fait fonctionner les machines, moteurs principaux de la croissance et du PIB, on peut être certain qu’Emmanuel devra revoir un tantinet son logiciel d’économie politique.
Allez, on est en train de se défaire des logiques aberrantes qui nous ont mené là ou nous sommes et c’est tant mieux en espérant que ce ne soit pas trop tard. Et puis, on peut toujours rêver, la fin du capitalisme sera peut-être aussi la fin d’un cannibalisme par lequel l’homme n’a pas arrêté d’être un loup pour l’homme.